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Le Club Montmartre rouvre ses portes : entre défi de conformité et bataille d’attractivité

Après 4 mois de fermeture administrative, le Club Montmartre a réouvert ses portes ce 6 octobre à 20 heures. Si l’établissement espère tourner la page d’une période mouvementée, les enjeux de gouvernance et de confiance demeurent considérables, dans un marché parisien où la concurrence s’intensifie.

facede de uit du club montmartre
Crédit photo : Club Montmartre
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La façade du 84 rue de Clichy retrouve ses lumières. Fermé depuis juin 2025 à la suite d’une enquête pour soupçons de blanchiment d’argent, le Club Montmartre tente de renouer avec la vie du jeu parisien. Une réouverture sous haute surveillance, tant le respect des obligations Tracfin, au cœur de la réglementation des clubs de jeux, reste un sujet sensible pour les autorités.

Une gouvernance sous tension

Présidée par Madame Frédéric Ruggieri, la structure a vu son fils M. Ivan Toledano, 24 ans, également actionnaire et MCD du club, être placé sous contrôle judiciaire après sa mise en examen. Bien que l’enquête soit toujours en cours et que M. Toledano bénéficie de la présomption d’innocence, la Commission supérieure des jeux, sur recommandation du SCCJ, avait requis une suspension d’agrément du club pour 4 mois.

Pour tenter de rétablir la confiance, la direction a nommé Alexandre Touvin au poste de directeur responsable. Sa mission : garantir la conformité réglementaire et financière, assurer le reporting auprès des autorités et encadrer la mise en œuvre de nouvelles procédures internes. Une tâche lourde mais indispensable pour inscrire durablement la conformité au cœur de la culture du club. Cette responsabilité est considérable, et il reste à espérer que son expérience sera suffisante pour redresser le Club.

Des antécédents récurrents

Le Club Montmartre n’en est pas à sa première difficulté. En 2024, il avait déjà connu une fermeture administrative de 2 mois pour manquements au contrôle interne. Un plan de mise en conformité et une nouvelle gouvernance avaient alors permis une réouverture anticipée. Un an plus tard, des carences réapparaissent, jetant une ombre sur la crédibilité du redressement opéré et la solidité du modèle de direction.

Un climat social fragilisé

Sur le plan social, la période de fermeture a eu un impact lourd. Privés de pourboires, les salariés ont dû composer avec une perte significative de revenus, et un risque sur leur réputation comme sur leur employabilité. Et puisque la fermeture administrative découle de manquements imputés à la direction, le mécanisme de chômage partiel n’a pas pu être activé. La direction a donc dû assumer seule le paiement intégral des salaires, une obligation qui a pesé sur la trésorerie du club.

Cette situation a alimenté les tensions sociales, déjà présentes depuis de nombreux mois. Le syndicat Force Ouvrière a dénoncé un manque de dialogue et une communication insuffisante. Le bilan social du club est aujourd’hui jugé fragile par FO, et plusieurs salariés s’interrogent sur la stabilité du projet à long terme.

Le Club Montmartre attend de nouveau les joueurs pour l'animer.
Le Club Montmartre attend de nouveau les joueurs pour l’animer et retrouver sa place sur le marché parisien.

Un marché parisien de plus en plus concurrentiel

La réouverture du Club Montmartre intervient dans un environnement particulièrement tendu. Avec sept clubs de jeux déjà actifs à Paris et l’ouverture prochaine du Club Partouche, la compétition pour attirer joueurs et talents s’intensifie. Le Club Montmartre devra reconquérir des clients désormais fidèles à d’autres tables de la capitale, tout en maintenant ses effectifs face à un marché de l’emploi très mobile.

Mais au-delà du cas particulier du Club Montmartre, c’est toute l’expérimentation parisienne des clubs de jeux qui se retrouve sous le regard du régulateur. Mise en place en 2018 pour remplacer les anciens cercles de jeux, souvent marqués par des dérives financières et des pratiques opaques, cette phase expérimentale devait prouver la viabilité d’un modèle légal, encadré et transparent, capable de faire table rase des méthodes du passé. Chaque incident de gouvernance ou manquement à la conformité fragilise cette ambition collective.

Un test grandeur nature

Pour la capitale, l’enjeu dépasse la simple image : il s’agit de démontrer que le modèle des clubs de jeux peut réellement incarner une ère nouvelle, respectueuse des règles et durablement crédible.

La réouverture d’hier soir symbolise bien plus qu’une simple reprise d’activité : elle constitue un test grandeur nature pour l’ensemble du secteur. Pour le Club Montmartre, l’objectif est clair : transformer la contrainte réglementaire en culture durable et restaurer la confiance de l’administration comme des joueurs.

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