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L’ANJ refuse la prise de paris sur la Kings League France

L’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) a tranché : la Kings League France, version hexagonale du concept lancé par Gérard Piqué en Espagne, ne sera pas intégrée à la liste des compétitions éligibles aux paris sportifs. Une décision qui souligne les exigences strictes du régulateur français et qui met en lumière la frontière entre innovation sportive et respect des cadres réglementaires.

Kings League France
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Un cadre réglementaire exigeant

Réunie en collège le 18 septembre 2025, l’ANJ a examiné plusieurs demandes d’opérateurs souhaitant élargir leurs offres de paris. La procédure consiste à vérifier si une compétition répond à des conditions et critères fixés par le régulateur. L’objectif est clair : protéger l’intégrité des compétitions et des paris, garantir une offre responsable et préserver les publics vulnérables.

Pour être autorisée, une compétition doit présenter un encadrement institutionnel solide, une réglementation claire, une objectivité des performances, des dispositifs contre la manipulation et une notoriété suffisante. À cela s’ajoute une exigence particulière : la compétition ne doit pas cibler ou attirer de manière disproportionnée un public de mineurs.

Les raisons du refus

En appliquant ces critères à la demande de Betclic d’autoriser la prise de paris sur la Kings League France, l’ANJ a relevé plusieurs faiblesses.

1. Absence de reconnaissance fédérale
La compétition n’est pas placée sous l’égide de la Fédération française de football ni d’une structure délégataire. Ce manque de légitimité institutionnelle réduit la capacité à contrôler l’intégrité des matches.

2. Des règles atypiques et ludiques
La Kings League revendique une approche novatrice avec ses matchs en 7 contre 7, ses durées réduites et ses cartes spéciales modifiant le cours du jeu. Si ces éléments séduisent un public jeune, ils éloignent le format des standards sportifs qui servent de référence à l’ANJ pour autoriser les paris.

3. Vulnérabilité aux manipulations
Le caractère hybride et récent du tournoi accroît le risque de manipulation de résultats. L’ANJ privilégie des compétitions dotées de mécanismes éprouvés de surveillance et de prévention.

4. Une notoriété encore insuffisante en France
Contrairement à l’Espagne, où le concept a déjà trouvé son public, la déclinaison française n’en est qu’à ses débuts. Le régulateur estime qu’il est trop tôt pour la considérer comme un support de paris fiable.

5. Un public jeune et vulnérable
Selon les estimations, environ un quart des spectateurs de la Kings League France sont mineurs. Or, la protection des jeunes constitue l’une des priorités de l’ANJ. Autoriser les paris sur une compétition suivie par un tel public aurait envoyé un signal contradictoire.

La première édition de la Kings League France mettait en avant des influenceurs très suivis par un public jeune comme Michou, Squeezie ou Inoxtag, une des raisons qui ont poussé le régulateur à repousser la requête de Betclic.
La première édition de la Kings League France mettait en avant des influenceurs très suivis par un public jeune comme Michou, Squeezie ou Inoxtag, une des raisons qui ont poussé le régulateur à repousser la requête de Betclic.

Une cohérence dans la doctrine de l’ANJ

Ce refus s’inscrit dans une ligne directrice constante. L’ANJ accepte d’élargir les supports de paris, mais uniquement lorsque les compétitions présentent des garanties solides. Ainsi, lors de la même réunion, l’autorité a validé la demande de Winamax concernant certaines épreuves des championnats d’Europe de cyclisme sur route, ainsi que celle de FDJ United portant sur la NBL Ignite Cup, une compétition de basketball en Australie. Ces compétitions bénéficient toutes d’une reconnaissance institutionnelle et de mécanismes éprouvés d’intégrité.

La différence de traitement entre ces compétitions et la Kings League illustre la philosophie de l’Autorité Nationale des Jeux : encourager l’ouverture quand la sécurité et la transparence sont assurées, refuser quand l’innovation repose sur des formats encore instables.

Préserver la frontière entre sport et divertissement

La décision du 18 septembre confirme la volonté du régulateur de maintenir une séparation claire entre le sport reconnu par les instances fédérales et les formats hybrides orientés vers le divertissement. Si la Kings League France séduit par son aspect spectaculaire et sa créativité, elle demeure trop proche du gaming et trop éloignée des standards sportifs pour devenir un support de paris agréé.

Si la Kings League a été retoquée cette année par l'ANJ, la décision pourra être revue après plusieurs éditions.
Si la Kings League a été retoquée cette année par l’ANJ, la décision pourra être revue après plusieurs éditions avec, pour le législateur, plus de recul sur la compétition et ses mécanismes.

Une régulation qui s’adapte mais reste ferme

En refusant la Kings League France, l’ANJ envoie un message fort : l’innovation est la bienvenue, mais pas au détriment de l’intégrité et de la protection des publics. Ce choix illustre l’équilibre que le régulateur tente de maintenir dans un secteur en mutation, où les frontières entre sport, jeu et divertissement s’estompent.

La vigilance institutionnelle demeure essentielle. Pour les opérateurs, cette décision rappelle qu’une expansion de l’offre de paris doit toujours s’inscrire dans un cadre clair, reconnu et protecteur.

Cliquez ici pour avoir accès à la liste des compétitions ouvertes aux paris par l’ANJ.

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